Valentina Calzolari
The Ancient Armenian Translations of Greek Philosophical Texts: the Works of David the Invincible
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Summary/Abstract
Les origines de la littérature arménienne, au début du Ve siècle, sont directement associées à une entreprise de traduction d'œuvres religieuses. Les Arméniens traduisirent tout d'abord la Bible et les écrits des Pères de l'Église grecque et syriaque dans le but de parachever l'évangélisation de l'Arménie commencée un siècle auparavant. Essentiellement religieuse d'abord, l'activité des “écoles” de traduction arméniennes s'ouvrit néanmoins très tôt à d'autres courants. À la fin du Ve siècle, les Arméniens tournèrent leur attention également vers les œuvres profanes qu'ils avaient pu connaître grâce à la fréquentation des écoles grecques de l'Antiquité. A l'époque de l'“Ecole hellénisante” (Ve-VIIIe s.), ils traduisirent ainsi des œuvres de grammaire, rhétorique et philosophie dans le but de favoriser en Arménie aussi la création d'un cursus studiorum. Le corpus philosophique arménien en particulier, qui comprend les traductions d'une partie des œuvres d'Aristote, Porphyre, David, Philon, etc., révèle plusieurs coïncidences avec les programmes en usage dans les Ecoles néoplatoniciennes d'Athènes et d'Alexandrie. La comparaison du corpus arménien avec le répertoire des œuvres philosophiques traduites en syriaque à la même époque montre par ailleurs plusieurs affinités qui permettent de supposer la circulation d'un corpus d'œuvres grecques commun dans ces deux régions. Il convient ainsi de souligner l'importance de ces deux communautés orientales pour la transmission de l'héritage classique à une époque où l'on a pu parler de “siècles obscurs” à propos du cœur même de l'Empire. Si la filiation gréco-syro-arabe de l'aristotélisme est bien connue, la réception du corpus philosophique grec en arménien reste un domaine peu exploré, qui mériterait d'être mieux étudié et de sortir du cadre exclusif des études arméniennes. Le but de cette communication est de présenter dans ses lignes principales ce corpus, en partant de l'expérience d'un projet de recherche récemment dirigé par l'Université de Genève, en collaboration avec l'Institut des manuscrits d'Erevan, portant sur les Commentaria in Aristotelem Armeniaca (Davidis Opera).